Jusqu'à présent, je ne vous ai jamais vraiment parlé de la ville où je réside ...
C'est une petite agglomération de 20.000 âmes, posée au milieu des champs. Un ancien bourg rural, carrefour de tous les échanges commerciaux de la région et qui a vu peu à peu, depuis 50 ans, son périmètre s'élargir et ses prés accueillir les unes après les autres les maisons des nouveaux arrivants ...
A un tout petit kilomètre de chez moi démarre un chemin en bordure duquel, d'un seul côté, ont "poussé" de jolies maison, blotties entre chênes et châtaigniers ... Face à elles, et à l'orée des quartiers les plus récents, bordés de haies bocagères et d'arbres centenaires, des champs ...
Une année colza, une année tournesols ... La vue n'est jamais la même pour ses riverains.
Cette année, l'agriculteur qui les cultive a choisi d'y semer du blé.
C'est en allant travailler dans ce quartier un peu excentré, courant juillet, que je suis "tombée en arrêt" devant cet océan de blondeur. Tour à tour lumineux, satiné, éclatant ou assombri par la danse des nuages au dessus de lui ... Immobile un instant, puis ondulant doucement, ou agité soudain d'une houle dorée levée par les bourrasques ...
Je restai là quelques minutes, le temps d'emplir mes yeux et mon esprit - et mon APN ! - de ce tableau champêtre enclavé dans la ville ...
Ce fut un merveilleux moment d'évasion. Une sorte de "voyage initiatique" de quelques instants, volés à cette éternité du cycle naturel des végétaux qui rythme nos saisons et nos ans de ses beautés offertes, éphémères, sans cesse renouvelées ...
Un "voyage" incitant à la méditation ...
Qui, en effet, songe en le regardant à ce que contient de puissance vitale un simple épi de blé ?...
Qui entrevoit ce grand-œuvre universel dissimulé sous la douce couleur de ces tresses barbues, dont chaque grain contient l'énergie vitale et le principe d'un nouvel être végétal à venir ?...
Qui, embrassant du regard ces beaux épis dorés qui dansent tout l'été sous la caresse du vent, entrevoit tout ce que le règne animal et l'humanité doivent à leurs grains gorgés de vie par le soleil, la terre et l'eau ...?
Depuis ce moment, je ne regarde plus avec les mêmes yeux le pain dont je me régale tant ... Ni la farine qui me sert en cuisine, et qui m'apparaît désormais avec l'aura d'un trésor ... ...
Tandis que j'achève ces lignes, me revient en mémoire un très beau billet sur le même thème, merveilleusement conté par Mingingi, douce fée de la Prairie.
Je vous invite à passer par chez elle... Son univers est unique !
A bientôt...